- BERTRAND (J.-P.)
- BERTRAND (J.-P.)BERTRAND JEAN-PIERRE (1937- )Le travail du peintre Jean-Pierre Bertrand, né à Paris, a toujours été considéré comme un unicum , l’artiste ne se pliant à aucun «mouvement», à aucune «école». Il ne s’est inscrit sur la scène artistique que tardivement (première exposition personnelle en 1970, à Ludwigshafen en Allemagne). Figure éminente de l’art contemporain, Jean-Pierre Bertrand ne se reconnaît ni filiation ni «suiveurs». Les catalogues, souvent conçus par l’artiste même, respectent le mystère de sa biographie et laissent apparaître la difficulté de l’exégèse (Musée d’art de Toulon, 1981; Musée national d’art moderne, Paris, 1985).Faisant suite à la réalisation de quelques films, les premières installations de Bertrand confrontent citrons, sel et miel, éléments de base de son vocabulaire, à la duplication (photographique), au dédoublement (dans le miroir), à l’érosion et au travail du temps (La Totalité des citrons , 1976, à la chapelle de la Salpêtrière, Paris). Depuis 1980, Bertrand utilise aussi ces matériaux pour imbiber et colorer du papier; à ces traces se joignent des traits de crayon ou des couches d’acrylique. Mais cette «cuisine» de peintre devient alors un travail de sculpture: les papiers sont enchâssés dans des cornières métalliques et recouverts de plexiglas, auquel ils adhèrent. Ces «plaques», d’une épaisseur invariable, sont disposées en séries sur le mur, à des distances soigneusement calculées (Mine de plomb , 1982, coll. du musée national d’Art moderne, Paris; commande d’une Installation par le musée Saint-Pierre - Art contemporain, Lyon, 1985). Imprégnés de couleur «naturelle», ces papiers, solidaires de la forme culturelle par excellence qu’est le cadre, font éclater les catégories et les hiérarchies de l’art.Mais Jean-Pierre Bertrand ne se limite pas à l’espace intime de la feuille de papier; il a reçu, pour des œuvres monumentales, des commandes de l’État (1 p. 100 obligatoire, hall de réception du nouveau bâtiment des Archives de Paris, 1990) ou de la délégation aux Arts plastiques (31 verrières pour l’église Saint-Andéol, Bourg-Saint-Andéol, Ardèche, avec Florent Chaboissier, maître-verrier [1987-1991]). Il a reçu, en 1990, le Grand Prix national de peinture. Depuis 1983, la Galerie de France lui a consacré de nombreuses expositions et le musée de la Ville de Paris une rétrospective en 1993, dans le cadre des rendez-vous de l’Arc IV.
Encyclopédie Universelle. 2012.